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Un appel à la résistance par la prise de conscience de chacun, aussi bien dans le domaine économique que dans le domaine de l'écologie
Grandes conférences de Wallonie picarde
REPERES POUR L'AVENIR 2009-2010
Lundi 26 octobre 2009
20 h Palace d'Ath
L'intrusion de Gaïa
Au temps des catastrophes, résister à la barbarie qui vient
Isabelle Stengers
Crise économique, sociale, sanitaire, climatique, alimentaire… Pour la philosophe belge Isabelle Stengers, nous sommes entrés dans le temps des catastrophes, marqué par un sentiment collectif diffus de désarroi et d’impuissance. Dans ce contexte agité, notre mode de croissance actuel, irresponsable, voire criminel, doit être maintenu coûte que coûte même s’il s’apparente, selon elle, à une véritable barbarie. Faut-il alors se résoudre à l’opinion de certains écologistes radicaux selon laquelle la défense de la planète dépasse celle des humains ? Selon l’hypothèse Gaïa, la terre est un organisme et nous en faisons partie, il n’y a donc pas lieu d’opposer humain et nature.
Mais comment agir puisque dénoncer n’est pas suffisant ?
Pour Isabelle Stengers, il s’agit d’apprendre, et cela à toute échelle, à briser le sentiment d’impuissance qui nous menace, d’expérimenter ce que demande la capacité de résister aux expropriations et aux destructions du capitalisme. Elle se sert d’une multitude d’exemples pour construire cette alternative possible basée sur la prise de conscience de chacun, aussi bien dans le domaine économique que dans le domaine de l’écologie.
Isabelle Stengers s’est fait connaître en 1979 avec La Nouvelle Alliance écrit avec le prix Nobel de chimie Ilya Prigogine. Depuis, elle n’a cessé d’interroger les discours dominants des sciences et de leurs experts face à d’autres savoirs, plus minoritaires, ceux des usagers ou des militants. Elle est membre du comité d’orientation de Cosmopolitiques, cahiers théoriques pour l’écologie politique. Elle a écrit avec Philippe Pignarre La sorcellerie capitaliste (2005, La Découverte) et participé au Livre noir de la psychanalyse (2005, Les Arènes). En mars 2009, elle publie Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient (Editions La Découverte, Les Empêcheurs de penser en rond).
« Nous vivons des temps étranges, un peu comme si nous étions en suspens entre deux histoires, qui toutes deux parlent d’un monde devenu « global ». L’une nous est familière, elle est rythmée par les nouvelles du front de la grande compétition mondiale et a la croissance pour flèche du temps. Elle a la clarté de l’évidence quant à ce qu’elle exige et promeut, mais elle est marquée par une remarquable confusion quant à ses conséquences. L’autre, en revanche, pourrait être dite distincte quant à ce qui est en train d’arriver, mais elle est obscure quant à ce qu’elle exige, quant à la réponse à donner à ce qui est en train d’arriver ». (Isabelle Stengers, Au temps des catastrophes, La Découverte, Paris, 2009, p.9).
This poster reproduction via the site Athois la Terre
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Auteur : Isabelle Stengers
Date de publication : 05/01/09
N° ISBN : 2707156833
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"Du possible, sinon j’étouffe !" Gilles Deleuze aurait aimé cette belle formule qui donne son titre au tract que les intermittents du spectacle et précaires d’Ile-de-France ont diffusé il y a quelques années pour faire connaître les motifs de leur grogne . Du possible – c’est-à-dire non pas nécessairement une perspective d’avenir riante, celle des lendemains qui chantent, mais plus modestement, et de manière plus vitale aussi bien, une restauration des puissances d’agir, de sentir, d’imaginer et de penser, un renouvellement des capacités de faire et de défaire des mondes.
Deux caractéristiques remarquables autorisent à tenir l’expérience des intermittents en France pour révélatrice d’une situation politique globale. Tout d’abord, la façon dont ils ont été considérés par le pouvoir en place – par celles et ceux que Isabelle Stengers appelle dans son dernier livre "nos responsables" : à savoir, comme des surnuméraires. Trop nombreux sont les intermittents du spectacle. Mais trop nombreux aussi sont les enseignants, les étudiants, les chômeurs, les inactifs, les vieux, les artistes, les journalistes de France Télévision, etc. On en vient à se demander à la longue si les politiques néolibérales contemporaines ont d’autre fonction que de fabriquer des déficits et d’utiliser les populations comme variable d’ajustement.
Mais le plus étonnant dans un tel discours est qu’il ait pu rencontrer un accueil aussi favorable auprès de l’opinion publique, laquelle en est venue à se dire, sur tous ces sujets d’actualité, qu’il n’y avait effectivement pas d’autres choix possible que de supprimer des emplois, que de réduire les aides sociales, que d’augmenter le temps de travail, que d’alléger les charges patronales, etc. C’est qu’"il faut bien réformer", n’est-ce pas, et en cette affaire le mieux est toujours l’ennemi du bien. Il en va en effet de deux choses l’une : soit moins de droits sociaux, soit plus de chômeurs ; soit des salaires revus à la baisse, soit des délocalisations ; soit les OGM, soit la perte de compétitivité de l’agriculture européenne ; soit les brevets, soit pas de recherche.
Telles sont quelques-unes des "alternatives infernales", comme les appellent Isabelle Stengers et Philippe Pignarre, que le discours néolibéral aime à multiplier, et par lesquelles trop souvent nous nous laissons piéger, capturer, envoûter . Tout l’intérêt du mouvement des intermittents, de ce point de vue, a tenu à l’étonnante capacité de résistance qu’il a manifesté, et qui s’est traduite par la tentative de réouverture d’un espace de possibles. En lisant collectivement le protocole de réforme, en confrontant les rapports des experts aux pratiques d’emploi et aux savoirs des uns et des autres, les intermittents ont produit une contre-expertise qui a permis de déplacer le combat sur le terrain même de la production de savoir."
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