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2009/09/21

Virginie Despentes






"Je parle de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. Et je commence par là pour que les choses soient claires : je ne m'excuse de rien, je ne viens pas me plaindre.
...
Bien sûr que je n'écrirais pas ce que j'écris si j'étais belle, belle à changer l'attitude de tous les hommes que je croise. C'est en tant que prolotte de la féminité que je parle, que j'ai parlé hier et que je recommence aujourd'hui.
...
Et dans la foulée, [j'écris] pour les hommes qui n'ont pas envie d'être protecteurs, ceux qui voudraient l'être mais ne savent pas s'y prendre, ceux qui ne savent pas se battre, ceux qui chialent volontiers, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés, ni agressifs, ceux qui sont craintifs, timides, vulnérables, ceux qui préfèreraient s'occuper de la maison plutôt que d'aller travailler, ceux qui sont délicats, chauves, trop pauvres pour plaire, ceux qui ont envie de se faire mettre, ceux qui ne veulent pas qu'on compte sur eux, ceux qui ont peur tout seuls le soir.


Parce que l'idéal de la femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir, pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l'esthétique, maman épanouïe mais pas accaparée par les couches et les devoirs d'école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu'un homme, cette femme blanche heureuse qu'on nous brandit tout le temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l'effort de ressembler, à part qu'elle a l'air de beaucoup s'emmerder pour pas grand chose, de toute façon je ne l'ai jamais croisée nulle part. Je crois bien qu'elle n'existe pas."








Virginie DESPENTES est interviewée autour de son son troisième roman, "Les jolies choses" publié chez Grasset. Le monde difficile, elle connaît, tout lui est arrivé. Elle a envie elle aussi d'avoir une belle vie, pas une vie pourrie.


A life like everyone else ~

"D'où je viens dit-elle il faut du courage pour écrire des livres". Elle est devenue écrivain "par inadvertance".





et






A face which speaks
the expression

volumes ~


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L'âge se lit dans les yeux des autres, même quand soi-même on n'y pense plus.
Les jolies choses



--------------------------------------------- She had a blog IloVe you So ___ but it was roped off , pirated, stolen, thieved.

Le blog de Virginie DESPENTES a été piraté en 2005, et depuis est fermé.
8.10.06 10:10
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what it contained
may be seen
in part

ExcErPTed

Private Hell
Il fait beau j'ai peine à le croire comme il fait beau. je descends acheter un café au colombus, muffin chocolat simple, sourire du gars qui sert, je prends le courrier au passage, il y a une lettre super gentille, inattendue. toute la matinée à trainer, j'ai lu du daniel Sedaris, très bien, et j'ai écrit ce texte sur lequel je traine depuis quinze jours maintenant, je l'imprime, je le relis, je le trouve à chier. j'hésite entre mourir m'enfuir changer de métier, je pourrais devenir jongleuse d'oranges dans le métro, ou recommencer ce truc à zéro. Je laisse tomber, jusque nouvel ordre. Puis j'appelle la banquière et je lui fais des promesses folles, sur un ton très très sûr de moi. ensuite je tombe sur la fin de "la vingt cinquième heure", en salle j'étais sortie au bout de cinq minutes, j'en avais trop absolument rien à foutre de tous ces gens. mais je me doutais bien que c'était moi qui ce jour là n'était pas en forme, tellement je le sais que Spike Lee rate jamais de film, jamais complètement. Celui là semble passionnant, plans impeccables, dialogues la classe, acteurs américains. ce que les femmes sont bien, dans ses films. De voir ça chez lui souligne à quel point c'est rare chez les autres. Sinon, encore une fois, et par ailleurs, je comprends bien Courtney dans ses choix.


via webarchive


and

IlOVe You So Blog


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in 2006 Virginie Despentes
gave an interview
about her views and experience with (French) bloggin







INTERVIEW VIRGINIE DESPENTES - FEVRIER 2006
Tous nos remerciements à Virginie Despentes pour le temps accordé.

"Je pense que les futurs auteurs importants viendront du blog, assurément."

Buzz littéraire : Comment aviez-vous eu l'idée de créer un blog ?
Virginie Despentes : En juillet 04, j'ai dîné chez Isabelle Cheley, journaliste de Rock'n'folk, et j'y ai rencontré Lara, elles ont commencé à parler de leur blog, j'étais avec Busty (pas encore journaliste Rock n' folk) et le soir même on ouvrait nos blogs. Sans vraiment se douter de tout ce que ça impliquerait en terme de temps, d'énergie, et encore moins "d'impact".

BL : Comment décririez vous votre ancien blog ?
VD : J'y écrivais presque tous les jours, il y était volontiers question de concerts, films ou livres, mais aussi de morts de gens, de commentaires de radio ou de télé, et aussi j'y racontais mes petits trucs, genre j'ai dîné avec qui et on a parlé de quoi… Régulièrement j'expliquais que j'allais mal, ce qui constitue quand même mon activité principale.

BL : Quel rapport au web entreteniez-vous jusqu'alors (êtes vous une "web addict" ou plutôt novice en la matière) ?
Aviez-vous déjà un site web ?
VD : Florent Massot, mon premier éditeur, avait monté un site en 95, internet était nouveau pour moi et cette idée d'écrire directement "sur la toile" était plaisante. Il faut dire que j'aimais bien la fille qui avait monté le site, je lui trouvais la classe. Ensuite je n'ai jamais eu de site "Despentes". Franchement ça me fait toujours rigoler de voir des auteurs qui ouvrent leur site, surtout quand ils mettent leur pauvre photo dessus et des revues de presse louangeuses. Ca fait tout de suite garagiste de province qui postule pour faire du x amateur, selon moi. Mais au web je suis addict depuis que j'ai le haut débit. Et ça va en s'aggravant chaque année. J'en suis au stade de sortir travailler dans les bars en bas de chez moi, sinon je bloque devant ma bécane à faire tout à fait autre chose que ce que je suis censée faire.

BL : Comment s'articule un blog par rapport à un site selon vous ?
VD : Un blog c'est un autre point de vue. C'est forcément "l'anonyme" quand même qui parle, puisque n'importe qui ouvre un blog. Tandis qu'un site, ça fait déjà plus people. C'est un point de vue différent, selon moi.

BL : Que vous a apporté le blog dans la promotion de votre livre "Bye Bye Blondie" ?
La sensation agréable de faire flipper certains journalistes, qui se demandaient si j'allais parler d'eux et si oui comment. Sinon ça m'a plutôt embarrassée, parce que ça complique les choses pour mentir ("je n'étais pas à Paris" ou "je ne travaille qu'à ça", "j'ai beaucoup aimé ton concert" ou "je ne la vois plus depuis des mois",etc).

BL : Que vous a apporté le blog dans le rapport à votre lectorat ?
J'ai reçu beaucoup de mails. C'était intéressant d'avoir un compte rendu direct de "Bye Bye Blondie", qui sortait, mais surtout de "Teen Spirit", qui sortait en poche, et à propos duquel j'ai reçu gavé plein de mails, mais aussi c'était intéressant après une émission de télé d'avoir les réactions "directes" des gens. Je me suis rendue compte encore plus précisément que la façon de lire d'un parisien branché de mon âge n'a rien à voir avec ce qu'une gosse de toulouse va trouver, un quinqua de Caen ou une prof à Marseille... Ce qui m'a le plus surprise, Ceci dit, c'est le nombre de mineurs qui m'ont écrit, j'imagine que les gosses sont plus sur internet, qu'ils écrivent plus facilement, mais quand même je n'avais pas encore réalisé à quel point les ados lisent mes livres et y pensent ensuite. Je me suis promise, dans mon prochain roman, de leur en donner le plus que je peux.

BL : Y'a t'il des "règles" selon vous à suivre sur un blog littéraire par rapport à un autre média ? Y'a t'il des choses que vous vous interdisiez de faire/dire ?
Non, c'est en ça que le blog est un média formidable : à chacun d'en donner ses règles. Update quotidien ou semestriel, textes courts ou fleuves, auto fiction, délires mégalo, critiques de spectacles, journalistique, politique, avec son, avec vidéo, avec photo, avec du sexe, avec ce qu'on veut... C'est vraiment à chacun de trouver son format et son tempo… Je crois que la gratuité est une spécificité importante, puisqu'elle dégage le poste "patron", donc "contrôle"; soit on fait un blog directement pour être lu par le plus de gens possibles, et le seul "patron" devient les lecteurs, soit on le fait pour quelques intimes, soit on le fait pour soi seul. Mais pour le moment, on ne le fait jamais en fonction de comment le rédac chef s'est "gratté les couilles" la veille ni d'avec qui il a dîné, ni en fonction des annonceurs et de comment ils imaginent le monde, etc...
Je comparerais plutôt le blog à la presse écrite ou au bulletin de radio, qu'à de "la littérature". Pourtant je pense que les "futurs" auteurs importants viendront du blog, assurément.

BL : Le fait d'être écrivain change t'il quelque chose (spécificité…) ?
Le fait d'être écrivain change que l'écrit c'est mon média, déjà. J'ai donc quelques notions, quand même, de comment un texte peut être plus agréable à lire, ou plus marquant… Sinon et dans mon cas ça changeait surtout le nombre de lecteurs, mais ça c'est d'être quelqu'un de médiatisé, plutôt que d'être un écrivain. J'imagine aussi que dans mon cas ça me soulageait de l'écriture "à Saint Germain", et pour avoir besoin de ce soulagement, il faut d'abord être un écrivain "de Saint Germain".

BL : Quelles sont les surprises/anecdotes qui vous sont arrivés depuis l'ouverture de ce blog ?
Réactions/messages lecteurs, entourage, éditeur… ?

Il m'est arrivé vraiment beaucoup de choses autour de ce blog, en fait...

BL : Je crois que vous aviez fermé les commentaires. Quelle en était la raison ?
VD : Ca a été marrant exactement quinze jours, les commentaires, puis c'est devenu la grosse embrouille, rendez vous d'inactifs visiblement très seuls chez eux, s'occupant de pourrir les commentaires d'insultes même pas franchement méchantes, plutôt bêbêtes. Ca m'a rappelé le CP, c'était sympa cinq minutes. Puis j'ai tout fermé. sans état d'âme. Je trouve logique que mon nom ramène du monde, et donc logique que quelques frustrés de l'ombre se servent de la plate forme pour attirer un peu d'attention. Et logique que je n'en ai rien à foutre et que je ferme les commentaires.

BL : Pourquoi avez vous décidé de fermer votre blog sur 20six (seulement hacking ou autre ?)?
VD : Non je ne voulais pas fermer mon blog sur 20six. Ca m'a même plutôt contrariée de ne pas pouvoir "faire" tout le voyage aux Etats-Unis, vu que j'étais avec des gens qui prenaient beaucoup de photos et qu'on rencontrait plein de femmes marrantes, ça aurait été un passage intéressant du blog. Mais j'ai été hackée, avec quelques autres de 20 six, et il fallait trop de temps (dans les trois semaines à chaque fois) au serveur pour rétablir le blog, ça n'avait plus de sens.

BL : Avez-vous repris un autre blog sur la toile ou l'aventure est elle définitivement terminée pour vous ? Pourquoi ?
VD : Je n'avais plus envie de ré-ouvrir un blog chez un hébergeur qui ne pourrait rien faire en cas de piratage. Si j'étais sûre et certaine qu'il s'agit d'un(e) personne isolée, ça pourrait m'amuser d'aller d'un hébergeur à l'autre, genre "viens me pirater ici, et ici". Mais je suis plus paranoiaque que ça, et je ne pense pas qu'il s'agissait d'un(e) personne isolée. Donc j'attends de ré-ouvrir un blog chez un hébergeur capable de poser la question publiquement, s'il y a lieu, en cas de récidive hackeuse : qui, pourquoi, s'attaquant à qui, dans quel but ? Je pense avoir trouvé l'hébergeur en question, et que ça commencera dans quelques semaines. Je croise les doigts...

Propos recueillis par AB
Voir aussi l'article sur King Kong théorie, le dernier roman de Virginie Despentes


---------------------------------via Buzz literaire