Excerpts from book review letters by Phillipe Lancon of French novelist L.F. Céline
"Ecrire c’est danser, danser fatigue. «Mais si je cesse de danser une seconde alors la mort m’emporte.» Lettre de Céline à sa secrétaire, Marie Canavaggia, Copenhague, 5 mai 1947. Le barde infernal est en prison depuis décembre 1945, pour un mois encore. On a tué son éditeur, Robert Denoël, sur l’esplanade des Invalides. Sa mère vient de mourir. Il ne l’avait pas vue depuis sa fuite, en juin 1944. «Je me repens effroyablement de mes duretés envers elle, écrit-il dans une autre lettre. Je la vois encore nous quittant comme un pauvre chien congédié au coin de l’avenue Junot.» Vivre en fuite, en exil, au trou ? «L’aventure de loin chère amie c’est toujours de l’aventure, de près c’est du somnambulisme atroce.» Le somnambule marche et rêve donc, en horreur surexposée. Et d’abord il écrit : Féerie pour une autre fois, des ballets et des centaines de lettres, dont celles à Marie Canavaggia.
«Hirondelle». Cette correspondance avait été publiée, en 1995 et en deux tomes, aux éditions du Lérot. La nouvelle édition touchera un public plus large, et c’est mérité : elle tient une place centrale dans l’édifice épistolaire peu à peu réuni par Gallimard, entre les Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maître Mikkelsen, l’efficace avocat danois de Céline, celles à Milton Hindus, son admirateur et soutien américain, et bien sûr celles à la NRF."
To write is to Dance _ Yes but If I cease to dance one moment after death's carried me away.....